La Belgique est régulièrement condamnée pour l’état de ses prisons. Épinglé par le Conseil de l’Europe, l’univers carcéral belge doit se repenser. Le vice-Premier ministre et ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne, veut des prisons adaptées aux normes internationales et qui permettent une détention conforme aux conceptions actuelles. La future prison de Haren contribuera à moderniser et à renforcer le maillage pénitentiaire belge. Outre les nouvelles fonctions d’assistant de sécurité et d’accompagnateur de détention, l’établissement de Haren sera le premier de Belgique à favoriser les déplacements autonomes et responsables des détenus via un badge d’accès individuel.
Contrairement au concept de prison en forme d’étoile, c’est un village pénitentiaire qui a été choisi pour Haren, avec des bâtiments et des unités de vie plus petits (environ 30 personnes chacun). Cette disposition est bénéfique pour la qualité de vie, tant pour les détenus que pour les membres du personne qui travaillent dans la prison. La future prison de Haren, d’une capacité de quelque 1.190 détenus, pourra accueillir les premiers détenus à partir de septembre 2022.
Exécuter davantage de peines
Les courtes peines ne sont pas toutes appliquées à l’heure actuelle. Lors des législatures précédentes, certaines initiatives ont déjà été entreprises, comme l’exécution des peines à partir de 6 mois. Nous poursuivons cet élan. Nous augmentons le nombre de peines qui sont exécutées.
À partir de décembre 2021, toutes les peines prononcées seront exécutées.
L’ouverture de Haren, qui augmentera la capacité d’accueil carcérale, contribuera à mener à bien l’exécution des courtes peines.
Donner du sens à la détention
99 % des détenus sont libérés un jour. Préparer activement les détenus à une réintégration dans la société commence à partir du début de la détention, via un plan individuel de détention, un renforcement des services psychosociaux, en prévoyant de l’emploi, des formations, une offre adaptée de traitement et d’accompagnement et le développement de projets de détention à petite échelle. C’est ce qui sera mis en place à la prison de Haren.
Après une période d’accueil de quelques semaines, sur la base d’une consultation multidisciplinaire dans laquelle les observations des psychologues et des accompagnateurs de détention sont prises en compte, le détenu sera transféré vers un régime et une unité qui lui correspondent le mieux.
En travaillant avec des unités plus petites, il y a également plus de possibilités de diversifier la population par unité et donc de créer des unités spécifiques pour les primo-délinquants ou les détenus plus âgés, par exemple, pour lesquels les activités peuvent être adaptées au groupe cible.
Au lieu de considérer le régime ouvert comme une récompense pour un bon comportement, comme c’est souvent le cas actuellement, ou après être passé progressivement par tous les régimes, la question posée au niveau de Haren est inversée et, au cours de l’évaluation des risques et des besoins, on examine s’il existe des contre-indications à placer un détenu en régime ouvert.
L’objectif est que 75% des détenus soient placés dans une unité à régime ouvert ou semi-ouvert, et ainsi encouragés à participer à une série d’activités telles que des cours, un emploi ou des sports.
Des déplacements responsables
À Haren, nous travaillons également, pour la première fois en Belgique, avec des badges pour détenus qui sont programmés pour ouvrir les portes des cellules et des portes de circulation. Cela signifie que les détenus pourront se déplacer sur le site sans surveillance physique pour par exemple se rendre à un atelier de travail ou à une visite.
Cette nouveauté ne se fait pas au détriment de la rigueur et de la sécurité. Les mouvements des détenus seront surveillés et dirigés depuis un centre de contrôle, et des assistants de sécurité circuleront dans le bâtiment pour les surveiller.
La vie du détenu dans la future prison de Haren vise à vivre avec les autres dans un régime communautaire dans lequel les activités sont adaptées aux besoins spécifiques identifiés par une évaluation des risques et des besoins pendant sa période d’accueil.
Le temps libéré par cette méthode de travail pour les accompagnateurs de détention peut être utilisé pour soutenir et guider le détenu dans son plan de détention et son retour dans la société.
Nouvelle manière de travailler
Une politique pénitentiaire moderne vise non seulement à incarcérer les détenus, mais aussi à les préparer à une bonne réinsertion dans la société. Les agents pénitentiaires jouent un rôle important à cet égard. Les leçons tirées de l’étranger montrent qu’il est bon de faire une distinction entre surveillance et contrôle.
La prison de Haren sera la première prison à fonctionner avec des postes distincts pour les assistants de sécurité et les accompagnateurs de détention.
Dans les prisons d’autres pays et dans les centres fermés pour illégaux de notre propre pays, ces tâches sont depuis longtemps réparties entre différentes fonctions. Les détenus acceptent généralement mieux les règles et il y a moins d’incidents. Et les membres du personnel considèrent plus souvent que leur travail a du sens. En outre, le recrutement peut toucher un public plus large et ainsi attirer davantage de nouveaux collègues. Pour le système pénitentiaire belge, ce sont les facteurs décisifs pour opter également pour cette approche innovante.
Assistants de sécurité et accompagnateurs de détention :
- L’assistant de sécurité est la carte de visite et l’accueil de l’établissement et se concentre sur les tâches de contrôle et d’observation.
- L’accompagnateur de détention se concentre sur l’orientation et la motivation des détenus et donne des conseils sur le trajet de détention et de reclassement.
Garantir la sécurité à l’intérieur et à l’extérieur des murs reste essentiel. Cependant, l’accent mis sur les restrictions et les contrôles réduit plutôt qu’il ne stimule l’autonomie et la responsabilité des détenus, ce qui fait souvent obstacle à une bonne réintégration. L’accompagnateur de détention et l’assistant de sécurité se complètent et assurent ensemble une sécurité équilibrée et dynamique dans la prison. Tous deux exécutent les procédures de sécurité, interviennent dans les situations de crise et constituent un point de contact pour les détenus, les collègues, les visiteurs, etc.
La nouvelle prison de Haren, avec son infrastructure innovante, est le moment idéal pour mettre en œuvre cette nouvelle façon de travailler.
Vincent Van Quickenborne, Vice-Premier ministre et ministre de la Justice : “Une peine lorsqu’elle est prononcée doit punir et protéger le reste de la société. Elle doit aussi préparer à la réinsertion et permettre à chacun de retrouver une place dans la société. Il est donc essentiel de penser le sens de la peine et de responsabiliser les détenus. Au sein de la nouvelle prison de Haren, le détenu bénéficiera de la plus grande liberté de mouvement possible pour se déplacer de manière autonome vers un atelier de travail, une formation ou encore une visite avec un badge. C’est également une nouvelle manière de voir la détention en Belgique, deux nouvelles fonctions y seront implémentées, celles d’assistant de sécurité et d’accompagnateur de détention qui visent dès le début la responsabilisation et la resocialisation du détenu.”
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Dounia Boumaaza
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