Au palais de justice de Bruxelles, les détenus de la prison de Nivelles sont au travail depuis un mois et demi. Ils effectuent des travaux de peinture dans les vieux locaux de la Direction de la sécurisation de la police fédérale. Le vice-Premier ministre et ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne, a visité le chantier lundi matin. Il soutient pleinement l’emploi de détenus car c’est un moyen idéal pour remettre les condamnés sur le droit chemin et cela donne aux détenus la possibilité de bien préparer leur réinsertion dans la société.
Le palais de justice de Bruxelles, qui date de 1883, est l’un des bâtiments les plus emblématiques du pays. Alors que le palais de justice était à l’époque la plus grande construction d’Europe, les injures du temps ont laissé leur empreinte sur le bâtiment. Les locaux sont délabrés et présentent de nombreux défauts. Les travaux de rénovation de ce monument, qui est protégé depuis 2001, sont un projet à long terme. Le secrétaire d’État à la Régie des bâtiments, Mathieu Michel, investit énormément dans la restauration du bâtiment pour lui redonner son lustre d’antan et poursuivre sa rénovation.
Locaux dégradés à la Direction de la sécurité
L’un des services affectés par la vétusté du palais de justice est la Direction de la sécurité (DAB). Ce service, qui fait partie de la police fédérale, est chargé de la surveillance, de la sécurité générale et du transfert des détenus vers les salles d’audience. Leurs locaux étaient en très mauvais état, ce qui avait un impact négatif sur les conditions de travail et le bien-être du personnel. Cela a également affecté l’image de la profession. Afin d’y remédier et de rénover en profondeur les locaux, la Direction de la sécurité a collaboré avec Cellmade, la plateforme d’emploi de l’administration pénitentiaire. C’est la toute première fois que la police fait appel au travail des détenus via Cellmade. Quatre détenus, dont deux ayant une expérience professionnelle dans la peinture, ont fait l’objet d’un screening approfondi en termes d’attitude et de sécurité, entre autres. Ils sont presque à la fin de leur peine et sont motivés face à l’idée de reprendre leur vie en main.
De la méfiance à la confiance
Les détenus ont commencé les travaux de peinture et de plafonnage le 29 mai dernier. Ensemble, ils ont déjà presté 800 heures de travail et en ont encore environ 200 à effectuer. Ils ont des semaines de travail de 40 heures. Les détenus s’attaquent aux vestiaires, aux salles de repos, mais aussi aux couloirs et aux cellules de transit. Ils ont commencé par enlever l’ancien papier peint, puis ils ont rebouché les fissures avant de procéder à la peinture. Parfois, les travaux sont également effectués le week-end, lorsque les cellules de transit sont libérées.
Les détenus peuvent travailler sous un régime de surveillance assez souple. Ils ont bien été contrôlés par la direction pénitentiaire et la police. Les détenus sont très motivés et disposés à se conformer aux règles strictes, car ils ne souhaitent pas compromettre la perspective de leur libération. Au départ, certains des officiers de police étaient assez méfiants pour des raisons de sécurité, mais ce n’est plus le cas à présent. La confiance s’est installée rapidement et la coopération se déroule sans problèmes. De plus, les travaux progressent assez vite et les résultats sont impressionnants. Les locaux sont beaucoup plus agréables pour y travailler et y séjourner. Les détenus ont ainsi contribué à une atmosphère de travail plus positive au sein du service.
Le palais de justice de Bruxelles n’est pas le seul bâtiment dans lequel les détenus font des travaux de peinture ou d’autres travaux de rénovation. Des détenus de la prison d’Audenarde ont aussi déjà effectué des travaux de peinture dans le palais de justice d’Audenarde. À l’intérieur des murs de la prison, les détenus y sont généralement appelés à effectuer des travaux de peinture et d’autres petits travaux de rénovation. En dehors de la prison, les détenus sont aussi appelés de plus en plus souvent à travailler dans des bâtiments de la justice. En ce moment, par exemple, des détenus de la prison agricole de Ruiselede sont en train de faire des travaux de peinture dans la future maison de détention de Courtrai. Les travaux de peinture dans la nouvelle prison de Haren sont également réalisés par des détenus dans le cadre du projet Cellmade.
Vincent Van Quickenborne, vice-Premier ministre et ministre de la Justice : « La justice s’investit pour donner un sens à la détention. Cela signifie aussi qu’il faut offrir des opportunités aux détenus et qu’il faut veiller à ce qu’ils soient devenus de meilleures personnes en sortant de prison. Cette coopération entre Cellmade et la police est une véritable première. Cela permet aux détenus de se sentir utiles et d’apprendre un métier honnête. Vu qu’il s’agit d’un métier en pénurie, ils pourront directement commencer à travailler après leur libération. C’est du gagnant-gagnant, et pour les détenus, et pour la justice, mais aussi pour la Direction de la sécurité et pour la société en général. »
Odile Somville, directrice à la prison de Nivelles : “Cette initiative est porteuse de sens tant au niveau des objectifs de réinsertion liés à la peine privative de liberté que dans la collaboration symbolique entre des personnes détenus et de la police.”
Bernard Devos, membre de la Direction de la sécurité au sein du palais de justice de Bruxelles : « Pour la Direction de la sécurisation (DAB) de la Police Fédérale, ce projet d’aide à la réinsertion sociale de personnes détenues par l’apprentissage d’une activité, redonnant à chacun une nouvelle chance, correspond parfaitement aux valeurs de la direction. En permettant cette collaboration entre détenus et services de police, la vision d’une police orientée vers la société et travaillant en son sein, prend tout son sens. »
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