Crime organisé : la méthode de recherche ‘follow-the-money’ du Limbourg sera appliquée au niveau national

Bien que des milliers de criminels de la drogue aient été arrêtés ces dernières années, que des centaines de tonnes de drogue aient été saisies et que des dizaines de laboratoires de drogue aient été démantelés, le prix de rue de la cocaïne ou de l’ecstasy reste stable. Cela signifie que les organisations criminelles deviennent plus inventives et trouvent de nouveaux moyens de poursuivre leur activité. Mais la Police judiciaire fédérale devient aussi plus inventive. Par exemple, la PJF du Limbourg a développé une approche consistant à mener des enquêtes financières sur les entreprises associées aux barons de la drogue. Ce n’est qu’à un stade ultérieur de l’enquête que le lien avec le trafic de drogue est recherché. Cette approche fonctionne, comme le montrent les statistiques. Le ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne, a visité lundi la PJF du Limbourg car il souhaite ancrer cette approche au niveau national dans la lutte contre le crime organisé.


Récemment, le crime organisé a encaissé de gros coups, notamment dans le cadre de l’affaire SKY ECC. Cependant, les organisations criminelles maîtrisent bien l’art d’effacer et de blanchir les avoirs acquis illégalement. Ils deviennent aussi de plus en plus inventifs dans ce domaine. Au moment où ils se font condamner, le produit du crime a souvent été blanchi depuis longtemps, convertis en biens immobiliers ou acheminés vers l’étranger. À ce stade, la confiscation d’une grosse somme d’argent reste lettre morte, puisque l’argent a disparu. Par conséquent, le modèle de revenus criminels du crime organisé reste quasi intact.


La Police judiciaire fédérale (PJF) applique depuis longtemps le principe du « follow-the-money », notamment grâce à ses équipes de recouvrement des avoirs. En principe, cela signifie que des enquêteurs financiers viennent rejoindre les équipes d’enquête de la section Stupéfiants. Ils se concentrent sur l’interception des avoirs criminels. En d’autres termes, les gains illicites de l’organisation criminelle sont confisqués. Or, depuis plusieurs années, la Police judiciaire fédérale du Limbourg va plus loin et renverse la logique dans certaines enquêtes.


D’abord l’argent, ensuite la drogue
Selon des études, les organisations criminelles s’entourent en moyenne de quatre sociétés pour masquer leurs activités criminelles et blanchir de l’argent. Lorsque la PJF du Limbourg a affaire à des cibles connues, à savoir les leaders du milieu de la drogue, une enquête financière est d’abord lancée auprès de leurs entreprises. Cette approche vise à mettre un terme aux transactions financières illégales, à dévoiler les pratiques de blanchiment d’argent, à saisir les avoirs ou les biens criminels et à démanteler les sociétés fictives. Ce n’est qu’à un stade ultérieur de l’enquête que les liens avec le trafic de drogue sont établis et poursuivis.


Les premiers dossiers dans lesquels cette méthode a été appliquée en ont révélé l’efficacité. Les enquêtes financières nécessitent généralement une capacité d’investigation moins importante et génèrent plus de résultats. En effet, une plus grande part des gains criminels est interceptée et davantage de flux financiers illicites sont stoppés. Cela impacte les organisations criminelles bien plus durement que la perte d’une cargaison de drogue. Grâce à ce modus operandi, la PJF du Limbourg a récupéré au cours des cinq dernières années près de 130 millions d’euros d’avoirs criminels qui, autrement, seraient restés intacts.


Ancrage national de la méthode de recherche
Le ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne, s’est rendu lundi après-midi à la PJF du Limbourg pour une présentation détaillée de cette approche, et ce, en vue de l’appliquer au niveau national dans toutes les sections de la Police judiciaire fédérale. Les enquêteurs financiers de la PJF du Limbourg ont notamment présenté des outils d’enquête qu’ils ont développés eux-mêmes, comme pour l’analyse des comptes. Plusieurs de ces applications sont actuellement affinées et mises à la disposition des autres sections de la Police judiciaire fédérale.


Le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne :
« Nous avons porté de gros coups au crime organisé, notamment dans le dossier SKY-ECC. Mais ne soyons pas naïfs. Les criminels sont toujours à la recherche de nouveaux moyens pour monter des affaires criminelles. C’est à la police et à la Justice de trouver de nouveaux moyens de les combattre. C’est pourquoi l’approche de la PJF du Limburg est un moyen très efficace de frapper les barons de la drogue là où ça fait vraiment mal : dans leur portefeuille. Nous allons appliquer cette approche ainsi que les méthodes et outils d’enquête correspondants dans tout le pays. »