Une maison de transition ouvrira ses portes à Louvain l’année prochaine. Il s’agit d’une maison d’hébergement temporaire de petite taille destinée aux détenus condamnés à de longues peines qui arrivent en fin de peine. Les détenus y seront accompagnés intensivement en vue de les préparer à reprendre part à la vie en société. Il y aura de la place pour 16 détenus. Après Malines et Gand, Louvain sera la troisième ville à disposer d’une maison de transition.
Il convient de ne pas confondre les maisons de transition avec les maisons de détention. Les maisons de transition hébergent, dans le cadre d’une étape intermédiaire avant leur libération, des personnes ayant passé des années en prison. Il s’agit d’un projet de réintégration, exploité par un partenaire privé, visant à augmenter les chances de réussite d’un retour positif dans la société. Il n’est en effet pas évident de se retrouver du jour au lendemain en liberté après des années passées derrière les barreaux. Les détenus y regagnent progressivement leur liberté et réapprennent à s’occuper d’eux-mêmes. Ils y acquièrent littéralement le bagage nécessaire pour retrouver leur voie dans la société libre. En revanche, les maisons de détention, gérées par l’administration pénitentiaire, sont prévues pour remettre rapidement sur les rails les condamnés à de courtes peines. En effet, les courtes peines sont à nouveau exécutées au cours de la présente législature.
Ce que ces deux concepts ont en commun c’est leur taille réduite et leur objectif : faire en sorte d’éviter le plus possible que les personnes condamnées retombent dans la criminalité. L’accent est chaque fois mis sur l’autonomie, le rétablissement et la coopération, grâce à un accompagnement intensif. La taille réduite de ces structures permet faire du travail sur mesure pour chaque détenu. La Justice tente ainsi de
réduire le taux élevé de récidive dans notre pays – environ 70 % des détenus comparaissent à nouveau devant un juge dans les cinq ans. A l’instar des prisons, elles restent des institutions fermées. En effet, les détenus ne peuvent pas y entrer ou en sortir à leur guise, ils ne peuvent le faire que moyennant une autorisation de sortie qui prévoit strictement l’endroit où ils se rendent et l’heure exact à laquelle ils doivent être de retour. C’est le cas, par exemple, pour aller travailler ou poser sa candidature à un emploi. L’encadrement dans le tissu social local est important pour faciliter autant que possible la transition vers la société libre.
Malines projet pilote, Gand deuxième maison de transition
Dans le cadre d’un projet pilote, une première maison de transition, appelée Sterkhuis, a été créée en 2019 à Malines. Le projet s’est poursuivi jusqu’à la fin de l’année 2021 ; pendant cette période, 37 détenus ont réussi à se réinsérer dans la société. Après une évaluation approfondie, le vice-Premier ministre et ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne a décidé d’ancrer cette approche dans la loi. Un montant de 4 millions d’euros a été débloqué pour créer 100 places au total dans des maisons de transition. Dans ce cadre, des appels à projets ont été publiés au Moniteur belge. La Sterkhuis de Malines, exploitée par G4S Care, y a répondu et a ainsi pu redémarrer. Depuis lors, plus de 27 détenus ont réintégré la société après un passage dans la maison de transition de Malines. Il existe également une maison de transition à Gand qui sera mise en service le mois prochain.
Troisième maison de transition à Louvain
La fondation privée De Kansenfabriek a introduit une candidature pour l’installation d’une maison de transition à Louvain. Sa fondatrice, Leen Muylkens, a dirigé la Sterkhuis de Malines pendant de nombreuses années. Le dossier présenté atteste d’une vision, d’une expérience pratique et de réalisme. Les propositions relatives à l’exploitation et l’emploi du temps s’appuient sur l’expérience acquise dans la maison de transition de Malines, considérée comme particulièrement fructueuse.
L’immeuble proposé à Louvain est situé dans la Janseniusstraat. Il s’agit d’une ancienne maison d’habitation qui fait actuellement l’objet de travaux de transformation. Après ces travaux qui relieront les bâtiments avant et arrière, l’immeuble répondra aux normes légales requises pour les maisons de transition. Il y aura de la place pour 16 détenus en fin de peine. Le Conseil des ministres a approuvé le dossier vendredi dernier. Les autorités de la ville de Louvain sont également favorables à l’arrivée d’une maison de transition.
Leen Muylkens sera la coordinatrice d’une équipe de sept accompagnateurs de transition et de trois coachs d’intégration. Les accompagnateurs de transition encadrent le fonctionnement quotidien au sein de la maison de transition et veillent à ce que les participants assument leurs responsabilités, coopèrent avec les autres et puissent vivre de manière autonome. Les coachs d’intégration accompagnent et soutiennent le parcours de réintégration individuel. Ils les aident à rechercher un emploi, à s’inscrire à des cours de formation ou à trouver le chemin vers les aides et les services d’aide existants. Des partenariats avec des partenaires professionnels locaux sont mis en place à cette fin. Les participants sont sélectionnés en consultation avec les services psychosociaux des prisons concernées et après un entretien préliminaire. Les détenus condamnés pour faits de moeurs ou terrorisme ne sont pas éligibles.
Réunion d’information
Une réunion d’information, destinée aux riverains, se tiendra le 2 octobre dans l’auditorium Wolfspoort, situé au n° 34 de la Schapenstraat. A cette occasion, des explications sur le fonctionnement du système seront données et les riverains pourront poser leurs questions. L’expérience de Malines montre que l’installation de ce type de structure n’entraîne aucune nuisance pour le voisinage.
Le ministre Vincent Van Quickenborne remercie d’ores et déjà le Bourgmestre de Louvain, Mohamed Ridouani, et le Collège des Échevins d’accepter aux côtés de Malines et Gand de jouer le rôle de pionnier et de soutenir la maison de transition. Un tel soutien local est indispensable pour garantir une société plus sûre grâce à ce type de projet.
Vincent Van Quickenborne, ministre de la Justice : « L’approche des maisons de transition montre la direction que prend la justice en matière de politique de détention : une action proactive pour prévenir de nouvelles infractions dans le futur. C’est ce que nous faisons avec une approche humaine en donnant aux détenus toutes les chances de reprendre leur vie en main et d’apporter leur contribution à la société. Les maisons de transition enregistrent un solide résultat permettant de réduire considérablement la récidive et de rendre ainsi la société plus sûre. »
Mohamed Ridouani, Bourgmestre de Louvain :
« Dans une société sûre, les gens se sentent responsables et utiles aux autres. Nous sommes heureux de pouvoir soutenir la création de la maison de transition de Louvain. Après un trajet préparatoire approfondi, les détenus auront la possibilité de reprendre des responsabilités et de retrouver une place dans la société. Nous réduisons ainsi les risques qu’ils ne retombent dans la criminalité et ils peuvent de nouveau oeuvrer à un avenir qui a du sens. »
Leen Muylkens, coordinatrice de la maison de transition de Louvain : « C’est avec fierté, une grande gratitude et beaucoup d’enthousiasme que la Kansenfabriek entame un nouveau chapitre à Louvain. Une maison de transition est un lieu où les détenus ont la possibilité de restructurer leur vie, d’assumer des responsabilités et de retrouver leur place de manière positive dans la société. Forte d’une vaste expérience, d’une vision éprouvée de la réintégration et de partenariats solides, la maison de transition de Louvain deviendra bientôt un lieu où de nouvelles opportunités seront créées en continu. »