Notre pays étrenne un tout nouveau système de communication destiné aux ministres, aux hauts fonctionnaires, aux diplomates et aux fonctions de sécurité essentielles. De cette manière les informations sensibles, les données classifiées et les communications échangées entre eux ne pourront pas être interceptées ou écoutées par des puissances étrangères ou des organisations criminelles. La technologie mettant en œuvre un écosystème fermé a été entièrement développée en Belgique avec des composants propres par la nouvelle entité Belgian Secure Communications (BSC), qui dépend directement du ministre de la Justice. Il s’agit entre autres d’un réseau fermé avec des sites secrets pour les échanges de données classifiées et les vidéoconférences secrètes, ainsi que de smartphones et d’ordinateurs portables spécialement développés à cet effet.
La nécessité d’un moyen de communication propre et sécurisé pour les personnes occupant des postes cruciaux dans notre pays s’impose d’elle-même. Le récent scandale des écoutes de hauts gradés de l’armée allemande, dans le cadre desquelles une réunion secrète a été diffusée sur les médias d’État russes, a montré une fois de plus que les plateformes de communication commerciales sont très vulnérables au piratage. L’ensemble des échanges de données effectués via des logiciels développés commercialement, même s’ils fonctionnent avec le cryptage et le cryptage de bout en bout, n’offre pas de garanties de sécurité suffisantes pour les communications sensibles et classifiées des autorités. Les réseaux téléphoniques et les canaux ordinaires tels que WhatsApp, Telegram, Signal et Teams ne sont donc pas utilisables à cette fin. Le matériel qui n’a pas été développé pour compte propre, présente également des failles potentielles permettant l’écoute si on le veut.
Il n’est pas surprenant que les membres du gouvernement et leurs collaborateurs, les hauts fonctionnaires, les officiers et d’autres fonctions de sécurité essentielles dans notre pays soient souvent pris pour cible. Cette forme de recherche d’informations secrètes est inextricablement liée à la guerre moderne et à la géopolitique. Lors d’une mission économique belge en Chine effectuée en novembre 2019, par exemple, 135 tentatives de piratage par heure ont été détectées sur les téléphones portables des membres de la délégation. Lors de la dernière mission en Chine avec le Premier ministre Alexander De Croo, le Belgian Secure Communications (BSC) a fourni des téléphones mobiles sécurisés séparés et des directives strictes afin que la mission puisse se dérouler en toute sécurité. Bruxelles est également considérée comme la « capitale de l’espionnage » en raison de la présence de nombreuses institutions internationales.
BSC en remplacement de BINII
En 2007, la Défense a développé BINII (Belgian Intelligence Network Information Infrastructure), une plateforme de communication sécurisée qui permet aux membres des différentes autorités de notre pays de partager des informations sensibles et classifiées. Cependant, cette plateforme est dépassée et n’est pas adaptée aux nouvelles technologies, aux modes de communication d’aujourd’hui et à la multitude de données échangées.
En 2021, le ministre de la Justice de l’époque, Vincent Van Quickenborne, a donc créé une nouvelle entité : Belgian Secure Communications (BSC). Brandon De Waele a été nommé directeur. Ce service a été chargé de développer une nouvelle plateforme de communication hautement sécurisée pour les membres des autorités et des services de sécurité belges. Un système intégrant plusieurs couches de sécurité a été mis au point pour éviter toute dépendance à l’égard de sociétés commerciales ou de services étrangers, conformément au principe de zéro confiance. Aucune connexion n’est établie avec l’internet ou des serveurs qui ne sont pas en compte propre. Cette technologie a été lancée cette semaine et remplace entre autres BINII. Le système sécurisé BSC est géré de A à Z par des personnes qui font partie de l’organisation.
Vidéoconférence sécurisée et smartphones et ordinateurs portables développés par le BSC
Il y a plusieurs composants. L’un d’entre eux est un réseau de sites secrets et sécurisés où des vidéoconférences classifiées peuvent être tenues. Ces espaces seront utilisés pour les concertations entre les services de sécurité et d’autres prérogatives qui relèvent de la loi sur la classification. Un autre élément est un réseau de smartphones et d’ordinateurs portables développés par le BSC qui font partie d’un réseau fermé. Plusieurs centaines d’exemplaires sont déjà utilisés par plusieurs fonctions de sécurité clés de notre pays. Les membres du gouvernement suivront la semaine prochaine. Actuellement, le BSC développe également une application pour la communication entre tous les agents des services publics.
Paul Van Tigchelt, ministre de la Justice : « Pendant des années, notre pays était à la traîne en matière de communications sécurisées. Il est certain que nous avons fait l’objet de nombreuses écoutes. Nous ne sommes pas naïfs à ce sujet. Il existe même de sérieuses indications à ce sujet. Même nos alliés étaient réticents à partager des informations sensibles avec nous en raison de la vulnérabilité de notre mode de communication. Les choses ont maintenant changé. Le BSC a travaillé pendant des années sous les auspices de la Justice et en coulisse pour mettre au point des systèmes étanches et sécurisés. Le moment est venu de les utiliser. Nous disposons désormais d’appareils sécurisés ultramodernes, ce qui fait de nous des leaders internationaux. C’est une étape cruciale dans l’évolution vers une véritable culture axée sur la sécurité. »
Alexander De Croo, Premier ministre : « Le projet Belgian Secure Communications (BSC) fait de la Belgique l’un des leaders en matière de communications classifiées pour les décideurs fédéraux. Les GSM et laptops qui seront opérationnels d’ici peu offrent la possibilité à tous les Ministres, Chefs de départements et personnel-clé d’échanger des messages, de téléphoner et de participer à des téléconférences en toute sécurité. Cette solution facilite la prise de décision rapide en temps de crise. »