Dans le cadre de la lutte contre le trafic international organisé de stupéfiants, le ministre de la Justice et de la Mer du Nord, Paul Van Tigchelt, a conclu une convention avec l’ONUDC, qui coordonne la lutte contre le trafic international organisé de stupéfiants pour le compte des Nations unies. 250.000 euros seront débloqués à cet effet. L’objectif est d’échanger plus efficacement des informations avec les pays sources. En particulier, sur les navires suspects, les cargaisons et les irrégularités à bord des navires et dans les ports. L’année dernière, un accord de coopération a déjà été signé à cette fin avec le Costa Rica et le Panama. Le ministre Van Tigchelt s’est entretenu hier avec l’ambassadeur colombien et une coopération sera également lancée avec la Colombie.
En tant qu’instance mondiale de premier plan dans la lutte contre le trafic de drogue et d’êtres humains, la corruption et la criminalité organisée, l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) joue un rôle crucial dans la lutte contre la criminalité organisée.
Les pays d’Amérique du Sud constituent les points de départ pour les transports internationaux de cocaïne. Ainsi, l’ONUDC a saisi quelque 250 tonnes de cocaïne dans les ports sources en 2023. Plus de 80 tonnes ont été signalées en Colombie et en Équateur.
Coopération renforcée avec la Colombie dans la lutte contre le trafic international de stupéfiants
La Belgique et les pays sources reconnaissent l’intérêt commun de lutter contre les activités criminelles telles que le trafic de stupéfiants par voie maritime.
L’année dernière, le ministre de la Justice et de la Mer du Nord avait déjà conclu un accord de coopération avec le Costa Rica et le Panama. Le ministre Van Tigchelt s’est entretenu hier avec l’ambassadeur de Colombie, Jorge Rojas Rodriguez. Cet entretien a débouché sur des engagements concrets et une extension de la coopération.
La coopération avec chaque pays source comprend un échange d’informations structuré entre les autorités maritimes des deux pays.
Unités de contrôle portuaire (Port Control Units)
À la fin de l’année 2023, le ministre Van Tigchelt, par l’intermédiaire de la DG Navigation du SPF Mobilité et Transports, a débloqué 250.000 euros du Fonds concernant l’application maritime et marine afin d’entamer une coopération avec l’ONUDC.
L’objectif est d’utiliser la plateforme sécurisée ISPS pour échanger efficacement des informations entre la Belgique et les pays sources sur les opérations suspectes à bord et autour des navires, la présence de personnes non autorisées, les cargaisons douteuses et les conteneurs à haut risque. Des informations qui devraient permettre aux autorités de détecter les drogues plus rapidement et de manière plus ciblée. En Belgique, ce sont les douanes, la police et le port d’Anvers-Bruges qui sont mobilisés dans ce cadre.
L’ONUDC ne se contente pas de fournir de la formation et un soutien technique aux autorités et aux experts de différents pays, il les réunit également au sein d’unités de contrôle portuaire spécialisées, favorisant ainsi le partage des connaissances et la coopération. En mars dernier, les autorités belges ont reçu une délégation colombienne dans le cadre d’une visite de cinq jours.
A cette occasion, les Colombiens ont pu découvrir PortWatch, le nouveau point de contact mis en place pour le signalement d’activités suspectes dans tous les ports belges, qui est opérationnel depuis le début du mois de mars et qui sera également étendu aux marins. La Colombie soutient également activement notre demande de renforcement du code ISPS (code international pour la sûreté des navires et des installations portuaires) au niveau international.
Les autorités belges tirent également profit de cette coopération renforcée. Souvent, les drogues sont montées à bord par l’intermédiaire de petites embarcations en cours de route. L’échange des images scannées permet de détecter les différences et d’identifier et de surveiller les conteneurs à haut risque. La Colombie plaide également pour que tous les conteneurs destinés à l’exportation soient scannés. Or, pour rejoindre le navire depuis le port de Turbo, par exemple, ils doivent encore parcourir 14 km en traversant un canal. Les conteneurs sont scellés au départ, mais en cours de route ces scellés sont souvent trafiqués.
En outre, la Colombie dispose d’un « targettingcenter » où toutes les informations sont collectées. Lorsque des drogues sont découvertes, ils lancent une enquête sur les entreprises qui en sont à l’origine. Ces informations, du fait qu’elles sont centralisées, peuvent également être partagées assez facilement avec nos services. En mer du Nord, nous le faisons déjà aujourd’hui avec le carrefour d’information maritime de Zeebrugge, mais cette démarche pourrait aussi être utile sur terre.
Enfin, la Colombie demande également de conclure un traité d’extradition avec la Belgique et, par extension, avec d’autres pays de l’UE, afin que les criminels ne puissent plus piloter en toute impunité la criminalité liée à la drogue en Colombie depuis l’UE.
Si le projet d’unités de contrôle portuaire est évalué positivement, il sera étendu au Pérou et à l’Équateur l’année prochaine.
Paul Van Tigchelt, ministre de la Justice : « Depuis des décennies, l’ONUDC est l’organe des Nations unies qui aide les États membres à lutter contre la drogue, la criminalité organisée et la corruption. Grâce à l’aide de notre compatriote Bob Van den Berghe de l’ONUDC, avec qui j’ai souvent collaboré dans le passé, cette coopération a pu être facilement mise sur pied. Nous allons à présent partager beaucoup plus d’informations sur les navires, les opérations, les cargaisons et les modes opératoires criminels suspects, afin d’augmenter les chances de saisies. Si nous pouvons renforcer la sécurité portuaire en Amérique latine et faire de même ici à Anvers avec les navires en provenance de Colombie, du Costa Rica et du Panama, tous les pays en bénéficieront. »